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24.01 - 28.02.2004

Variables et constantes

Jason Karaïndros

Carton de l’exposition de Jason Karaïndros, Variables et constantes, 2004

L’art de Jason Karaïndros est un art du sensible et du ténu. Il interroge notre perception du monde en établissant une subtile relation à l’Autre, à travers des œuvres aux médias variables, aussi bien visuelles que sonores, environnementales ou olfactives.
Le temps intérieur, le silence, l’ombre, la lumière, sont quelques-unes des constantes explorées dans cette recherche qui exige l’expérience intime, essentielle à la perception de l’œuvre. Des dispositifs précis invitent en effet l’Autre à « écouter » au fond de lui se réveiller les sens ou à prendre conscience de la réalité environnante.
C’est alors que dans cet entre-deux contemplatif où s’établit un trait d’union entre soi et le monde, surviennent de petits miracles : entendre le silence des anges, voir apparaître une ombre luminescente ou se recomposer le tracé fugitif d’un avion dans le ciel, saisir du regard et de la main le dernier faisceau de lumière avant la nuit, capter les imperceptibles variations du niveau de la mer, humer un parfum d’arc-en-ciel, éprouver la vitesse de la lumière..
C’est faire en soi l’expérience de la révélation.

Cette idée de révélation, qui peut par ailleurs concerner des préoccupations d’ordre politique et social, appelle celle de captation pour poser la question du regard et de l’insondable pensée qu’il sous-tend.
Vouloir extraire l’essence de cet impalpable, justement, oriente la recherche de Jason Karaindros. La mythologie, la science sont alors autant de variables possibles appliquées à une exploration analogique et méthodique des constantes énoncées ci-dessus, à travers son propre langage plastique. Les références mythologiques, naturellement nombreuses dans l’œuvre de l’artiste grec, apportent leurs interprétations irrationnelles comme pour accroître le mystère. Les fascinations scientifiques conduisent à une poétisation des réalités physiques de l’univers : que ce soit une représentation spatio-temporelle de la vitesse de la lumière sous forme de tracé physique, une conversion du silence en lumière par le biais d’une technologie pointue, ou sa traduction sonore à travers une musique électroacoustique comme celle du compositeur Alexandros Markéas avec qui le plasticien développe des collaborations ponctuelles.
La force de l’œuvre de Jason Karaindros réside bien dans cette singulière manière d’adapter une poétique intuitive à une solide dimension métaphysique, qui se résume en une esthétique de la fascination.