A partir de la peinture, Jean-Marie Blanchet et Dominique Jézéquel ont concentré leur recherche sur l’exploration de la couleur.
Fonctionnelle, décorative, dans un rapport à l’espace pour le premier. Démarche picturale minimale vers son essence pour le second. Avec pour point de convergence entre les deux artistes, peindre autrement à l’aide de médiums non classiques, ou sans recours à la matière, et sur le principe de la couleur en série.
Jean-Marie Blanchet fait de la couleur comme on dit faire de la peinture. Sa couleur issue des rayons de bricolage est un objet de consommation standard et un moyen destiné à architecturer ou à réorganiser un espace ou un environnement. Le rapport à l’objet, mural ou en volume, est revisité : il est soumis à la couleur et non plus l’inverse. Notre relation à la couleur, nos critères de choix ou d’utilisation, est elle aussi interrogée à travers nos comportements et conditionnements, en fonction des modes, des habitudes sociales ou psychologiques. L’artiste fait fonctionner sa peinture par séries qui entrent en résonance les unes par rapport aux autres dans un ensemble et en articulation avec un espace. Les couleurs en bandes horizontales ou verticales s’y répondent faisant référence au nuancier chromatique, donnant dans le multicolore, le rapport mat et satiné. La peinture qui en résulte n’est ni abstraite, ni représentative.
Après une longue période d’expérimentation de la peinture à l’huile, refaisant sans cesse le même tableau, et affirmant déjà son intérêt exclusif pour la couleur, Dominique Jézéquel est passé à l’informatique. Il réalise des « peintures numériques » à quatre couleurs, imprimées selon un procédé photographique. Dégagé de la matière et du geste, il retrouve la même exigence de densité des couleurs en aplat, de leurs accords, de leur basculement, de leur équilibre ou mise en tension pour créer le rythme. Il en découle des compositions où la peinture est réduite à la couleur. Allant encore plus loin, il utilise la vidéo projection à dimension murale. Les bandes colorées évoluent suivant un rythme changeant, non plus linéaire mais en fondus enchaînés, qui compose « un tableau multiple » aux accords musicaux, et où intervient la notion de durée. La couleur est ici lumière, et le sujet ramené à sa simple expression la peinture est allée au-delà d’elle-même.