Dans les vers du fabuliste, d’Ésope à Jean de La Fontaine, dans le parler populaire qui nous voit doux comme des agneaux, excités comme des puces ou fiers comme des paons, l’homme et l’animal se sont étroitement mêlés au fil des siècles. Cette relation originelle est très présente également chez les photographes invités à cette édition 2010 des Estivales Photographiques du Trégor. Leurs modèles, mis en scène, portraiturés, observés prisonniers au zoo ou en semi-liberté avec leurs maîtres, seuls au hasard des rues et des champs, nous en apprennent beaucoup sur notre manière d’être et pointent d’une patte accusatrice les comportements souvent désastreux pour leur avenir… qui est aussi le nôtre!
Avec un sens du fugace et du dérisoire, avec l’envie de souligner de ses rapprochements subtils la drôlerie du monde – le visiteur bien en chair de clair et de sombre vêtu face à l’hippopotame qui baigne entre le clair et l’obscur de sa mare-prison – mais aussi sa cruauté – « de quel droit m’enfermes-tu ? », semble hurler le singe derrière la vitre du zoo -, Michel Vanden Eeckhoudt (Bruxelles) parcourt le monde depuis trois décennies. Dans les parcs animaliers et les zoos de France ou de Belgique mais aussi au hasard des rues de Tokyo ou du Caire, il trouve matière à exercice de haute voltige pour son oeil affûté qui sait si bien saisir toutes ces petites tragicomédies qu’offre le rapprochement de l’homme et de l’animal.
Concordances et rapprochements sont nombreux eux aussi dans les noirs tirages de Giacomo Brunelli (Londres). Ici les pattes de l’échassier et les jambes du gondolier rythment la lagune de Venise, là l’oie cacarde et son cou blanc se tend si semblable à la branche claire qui repose à quelques mètres, plus loin l’aigrette du paon semble singer les branches du palmier dont la silhouette se devine à l’horizon dans la faible profondeur de champ chère à Giacomo Brunelli.
Si les animaux de Brunelli sont vifs et prompts à détaler, ceux de Bertrand Desprez (Paris) sont figés dans la pierre ou le plastique. Totems décalés au coeur des villes, ils préfigurent nous dit l’auteur « un monde où l’animal aurait disparu pour n’être plus qu’un souvenir pour parc d’attractions ».
Tout aussi inquiétant est le monde que nous décrit Isabelle Souriment. Son lion borgne – solidement et curieusement planté à la pointe de Corsen (Finistère) d’où la famille de l’auteur est originaire et dont l’oeil évoque le gris bleu du ciel breton – ou l’éléphant jouant au pompier sur les brûlis de maïs du Gers où elle vit actuellement nous offrent avec les manipulations numériques de Venus d’Ailleurs la métaphore d’un futur cauchemardesque.
Manipulations aussi chez Martine Roch (Dijon), que les hasards de la vie, les rencontres, les brocantes, le goût pour la photographie, la curiosité à apprendre de nouvelles techniques, ont amenée à imaginer et à créer des images d’un monde surréaliste, peuplé d’animaux malicieux et élégants, gentils centaures ou minotaures du XXI’ siècle. Ses oeuvres, mélange de photos anciennes (ferrotypies notamment) et actuelles qu’elle réalise elle-même – portraits d’animaux aux lumières et aux poses étudiées pour s’intégrer parfaitement au support ancien, nous interrogent sur cette relation très forte qui peut unir l’homme à son animal favori.
Portraits encore chez le citadin de toujours qu’est Éric Garault (Montreuil), qui s’est décidé avec Bestiaire – Comme il me regarde, à aller à la rencontre des animaux de la ferme. Portraitiste de métier, il a travaillé avec poulets, chevaux, cochons et vaches comme avec ses modèles habituels, allant à leur contact en milieu naturel. Les lumières et couleurs saturées de ses gros plans offrent à ses images force et onirisme, tout comme l’éclat complice du flash en contre-plongée dans l’oeil de l’animal le rend tour à tour menaçant… ou moqueur.
Giacomo Brunelli:
J’ai travaillé sur cette série « The animals » pendant quatre ans. Je voulais saisir leur liberté dans le mouvement, leur aspect sauvage, comprendre leur fonctionnement mais aussi analyser mon comportement en leur présence.
Quand j’étais enfant, j’avais l’habitude de jouer avec les animaux et je pense que c’est ce qui m’a amené à vouloir les photographier au plus prés, à les toucher presque, à les forcer à s’envoler ou à se rebeller pour enregistrer leur réaction.
Je trouve mes modèles un peu partout dans les champs, les fermes ou les arrière-cours des petits villages comme dans les villes. Quand je veux photographier un animal, je fais semblant de l’ignorer et je bondis dans sa direction ; parfois je le regarde simplement fixement et j’observe ce qui se passe. Certains sont curieux et s’intéressent à l’appareil photo, d’autres sont effrayés par le bruit de l’obturateur.
Techniquement mes choix sont simples : un vieux réflex 24 x 36, un 50 mm, une vitesse rapide et l’ouverture maximale pour réduire la profondeur de champ au minimum. Je travaille essentiellement le matin à la lumière naturelle et ce qui m’intéresse au fond, c’est d’amener celui qui regarde mes photos à se croire dans un conte de fées.
(Gabriel Bauret)
Né en Italie (Pérouse, 1977), Giacomo Brunelli vit à Londres. Il a suivi des études en communication internationale et en photojournalisme.
Expositions à la Photographer’s Gallery de Londres, Galerie Robert Morat de Hambourg, au Griffin Museum de Boston, à la Galerie Belvédère de Milan. au Fotofestival de Lôdz (Pologne)…
Ses photographies figurent dans les collections du Museum of Fine Arts de Houston, du Portland Art Museum et ont été récompensées notamment par le Sony World Photography Award et le Grand Prix de Lôdz (Pologne).
Son livre The animals a été publié par les éditions Dewi Lewis en 2008.
Portfolios : Eyemazing (Hollande), B&W Magazine (États-Unis), Creative Review (Angleterre), Images Magazine (France)…
Bertrand Desprez:
« Homanimus »
Un ours en blanc perdu sur un pôle Nord réchauffé, un thon rouge décimé par une demande exponentielle de sushis japonais, des rhinocéros victimes de leurs cornes sacrées, l’homme cultive un rapport étrange avec l’animal : dominant, chasseur voire exterminateur.
Depuis la nuit des temps, l’homme représente l’animal sous forme de peinture notamment à Lascaux, le déifie en Égypte, devient totémiste, en sculpte des masques en Afrique pour éloigner sa peur et ses angoisses. Au cours de mes voyages, j’ai glané des images, étranges, humoristiques, tendres et ironiques sur ces représentations de l’animal sous toutes ses formes. D’une cabine téléphonique représentant un coq au Brésil au pédalo-cygne près du mont Fuji au Japon, d’une pancarte en plein désert indiquant la présence hypothétique d’un rhinocéros au Sénégal au lion perdu sur un parking à Denver, USA. Ces dernières années, j’ai remarqué, peut-être par effet de mode, l’apparition d’êtres hybrides dans les vitrines des magasins. des mannequins au corps d’homme et à tête d’animal : homme-cerf, femme-lionne. Les peluches restant le domaine de prédilection pour représenter le monde animal, le lapin en sort grand vainqueur avec l’ours brun ! La confrontation des images produites construit un zoo fantastique, anticipant un monde où l’animal aurait disparu pour n’être plus qu’un souvenir pour parc d’attractions.
(Bertrand Desprez)
Né en 1963 à Douai. Vit et travaille à Paris. Formation à l’école Louis Lumière (1986-1988). Rejoint l’agence Vu’ en 1999.
Premières images autour du jazz, portraits de musiciens. Collaboration avec Jazz Hot et Jazz Magazine. En 1990, plusieurs rencontres avec Dizzy Gillespie aboutissent à la réalisation d’un livre. La musique sera toujours présente dans son travail sous la forme métaphorique d’une « note juste » et de « l’improvisation instinctive ». Différents reportages pour la presse. En 1991, le Kruzenshtern pour Geo. puis l’année suivante, les peuples du fleuve Maroni pour Télérama. De 1992 à 1996, il entreprend un essai photographique autour des sentiments adolescents. Rapprochement avec la littérature et la poésie. En 1997. lauréat de la Fondation HSBC pour la Photographie avec Pour quelques étoiles 1998, Villa Médicis Hors les Murs pour un projet au Japon : Les quatre saisons, 1999 prix Kodak de la Critique pour Les quatre saisons. 2000, prix de la ville de Biarritz pour Aoba, les mystères de la feuille bleue. Depuis 2000, tout en continuant à collaborer pour la presse, se tourne vers des travaux plus proches de l’abstraction. Représenté par la galerie Baudoin Lebon où il a présenté La barge immobile(2004). En 2005, « Les voyages fantastiques ». 2006 : résidence au Théâtre de la Passerelle à Gap (« Chemin Faisant »). 2008, débute un projet sur les grands lacs (Supérieur, Baïkal et Victoria).
Publications : Conversation avec Dizzy Gillespie (Actes Sud, 1991), Pour quelques étoiles. monographie (Actes Sud, 1998), Aoba, la feuille bleue (Filigranes, 2004)…
Collections : Fondation CCF pour la photographie, Artothèque d’Annecy, Fonds national d’art contemporain, Collection HSBC, Carré Amelot à La Rochelle…
Éric Garault:
« Comme il me regarde »
Un jour mon neveu Ramiro me demanda de faire un portrait de lui avec son petit coq. Fier comme Artaban, il posa les deux mains tendues, me montrant l’animal. J’ai regardé le coq qui semblait s’interroger sur sa situation, il était beau et avait fière allure… clic clac… ! J’ai immédiatement réalisé que le rapport à l’animal allait m’intéresser. Habitué à photographier des humains, je me suis retrouvé face à un être vivant avec qui le rapport de communication est tout autre. Ainsi est née une première série, « Bestiaire », rencontre avec les animaux de la ferme, puis une seconde, « Volatiles », où je ne me suis intéressé qu’aux gallinacés et autres animaux à plumes.
La relation aux animaux est très particulière, les approcher n’est pas chose aisée car il y a un étrange rapport de méfiance réciproque qui se traduit par le souffle, les râles, les cris, les battements d’ailes ou les virements brutaux.
Dans mon travail, la proximité à l’animal tente de traduire cette méfiance… la défiance aussi. La lumière et les couleurs servent les matières. Plumages, ramages, crêtes, pelage, duvet, naseaux et pattes sont autant de parures qu’il convient de mettre en valeur pour illustrer cette relation pour le moins particulière et intense.
On peut percevoir dans l’expression des bêtes tour à tour une forme d’interrogation, de menace, de peur, de moquerie et de joie. J’aime à penser qu’il s’agit d’une intrigue qui leur est commune et dont le dénouement ne se révélera qu’à la fin ! Chacun par son regard et ses attitudes plonge le spectateur dans des sentiments partagés. Le défilé des animaux renvoie aux fastes et aux frasques de la société.
« Comme il me regarde » est une sélection spécialement réalisée pour l’Imagerie. Ici l’accent est mis sur le regard que l’animal porte au spectateur.
« Comme il me regarde » tente d’interroger le visiteur sur sa propre relation aux animaux. La série pose la question de la manière dont nous sommes observés et la gêne que peut induire le regard d’autrui. Ici, je cherche à montrer la relation importante qui existe entre le photographe et son modèle… même si celui-ci n’est pas un humain ! Je photographie les animaux en extérieur, dans leur milieu naturel, en essayant de leur rendre leur personnalité à la manière du portraitiste ambulant.
(Éric Garault)
Né en 1975 à Paris. C’est sa passion pour le jazz qui le pousse vers la photographie. Sa découverte du Brésil en 2000 marque un tournant décisif dans son travail. Il réalise et expose ses photos sur les musiques traditionnelles puis effectue un travail au long cours dans les zones rurales de Rio sur l’accès à l’énergie électrique : « Quand viendra la lumière » sera nominé à la Bourse du Talent puis exposé dans différents festivals et galeries au Brésil et en France. En 2008, il est lauréat de la résidence d’artiste du consulat de France à Rio pour poursuivre ce projet qui sera projeté à Visa pour l’image et exposé au Brésil dans le cadre de l’année de la France au Brésil. En parallèle naît la série « Bestiaire », débutée lors de ses premiers voyages et qui ne cessera de s’agrandir.
En France, son travail de portraitiste et de reporter cohabite avec des recherches personnelles et plastiques. Parmi les derniers projets exposés, « Idéal Standard » est un travail de mémoire issu d’une mission photographique passée par le Conseil général de la Seine-Saint-Denis qui explore le patrimoine industriel et le travail du passé. Par ailleurs, « Lire à l’hôpital » (commandé par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) porte un regard sur le rôle de la lecture et du livre dans la santé.
Martine Roch:
L’univers de Martine Roch s’ancre dans une esthétique idéale et nostalgique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Elle crée un monde imaginaire qu’elle peuple de personnages à tête d’animaux.
Dans chaque image, les sentiments s’expriment avec la plus grande candeur. Elle nous livre ainsi au fil de sa collection une lecture légèrement ironique et douce-amère de l’âme humaine. Mais ici point de mélancolie, ses petits clins d’oeil à la vie provoquent toujours un sourire.
Brocantes ou internet, le travail de Martine Roch commence par la recherche de photographies anciennes – elle avoue un faible pour les sépias ou les ferrotypies. Le charme de ces photos d’antan opère toujours, leur originalité si particulière étant perdue aujourd’hui.
Le métier de la photographe ressurgit lorsqu’il s’agit de capturer les expressions des animaux. Pour cela, elle se rend au zoo, photographie les animaux de ses amis ou ceux de la ferme de sa marraine. De ses voyages, elle rapporte des portraits de la faune locale : vaches et éléphants de Thaïlande rejoindront sur sa planche de travail lapins, chiens, chats, souris ou cochons d’Inde.
Ensuite, l’auteur peut créer ses images et raconter ses histoires en assemblant sur ordinateur les photos d’animaux et les images d’antan. La réussite finale dépend des expressions corporelles respectives de l’être humain et de l’animal. Elle veille aussi à ce que tous deux aient sensiblement la même « expression faciale ».
Ce travail minutieux se poursuit par l’ajustement des jeux d’ombres et la mise en couleur, une dernière étape, capitale, qui va permettre de soutenir les sentiments développés par les personnages.
Isabelle Souriment:
« Venus d’Ailleurs »
Ce projet est basé sur une transposition, une mutation « numérique » d’animaux sauvages photographiés dans des zoos et parcs animaliers, que je transporte numériquement en des lieux, paysages ou sites inhabituels, qui laissent place à l’imaginaire et à la réflexion du regardant. Cette manipulation de l’image n’est qu’un artifice de plus dans un monde bousculé et modifié au quotidien. Ne peut-on avancer l’hypothèse que la nature et l’animal nous questionnent parce que leur statut les situe désormais au plus proche d’un réel que nous transformons, des espèces sauvages que nous réintroduisons dans un milieu surveillé, où le « naturel » ne peut survivre qu’enclos ?
L’intention est de créer par la photographie et son montage, une nature « représentée », qui n’est plus originelle, ni indépendante de l’homme ; elle est manipulée, contrôlée, artificiellement intensifiée par la frénésie du monde qui l’entoure.
De ces tableaux émane paradoxalement une ambiance paradisiaque, au sens littéral du terme — « paradis » vient du persan par le grec paradeisos qui signifie « parc clos où se trouvent des animaux sauvages ».
(Isabelle Souriment)
Née à Brest en 1969, Isabelle Souriment vit et travaille dans le Gers.
Elle est diplômée en photographie du London College of Printing (1992) et du Bournemouth College of Art (1995), du Goldsmith’s College en arts plastiques (1998).
Pendant douze ans, elle réside à Londres où elle travaille pour Christie’s (réalisation de catalogues d’art), pour la presse et le monde publicitaire, tout en exposant à Londres, Bruxelles, Berlin et en France.
De 1997 à 1999, elle fait partie d’un collectif d’artistes. Ensemble ils exposent dans leur « chez-eux », du East End à Londres. Ses travaux sur le néo-baroque vont de l’organisation de performances publiques (festins excessifs, installations semi-organiques/mannequins de mouflons) à des expositions de paysages faits main et de maquettes qu’elle photographie… Elle s’interroge sur le monde d’aujourd’hui (clonage. enjeu génétique, notion de « l’autre »), travaille également sur des thèmes historiques comme le baroque, l’idée du paradis… et parfois de l’enfer, tout en conservant un certain humour, remède précieux à l’existence humaine.
Coproduction Centre de Photographie de Lectoure et Médiathèque de Lourdes. Avec le concours du laboratoire Photon. Toulouse.
Isabelle Souriment a bénéficié pour ce projet d’une bourse individuelle à la création de la DRAC Midi-Pyrénées.
Michel Vanden Eeckhoudt:
La photographie de Michel Vanden Eeckhoudt est éminemment virtuose dans son équilibre entre humour et tragique, tendresse et férocité.
Dans sa force visuelle aussi, sa capacité à saisir l’essence d’une situation, d’une rencontre, dans la plus grande tradition du « tir à l’arc » photographique de Cartier-Bresson, révisé par l’âpreté d’un Koudelka.
L’humour se déploie avec bonheur dans ses photographies de chiens dont certaines provoquent immanquablement le rire, mais d’autres, par exemple dans la série « Zoologies », ont une intensité dramatique, poétique, philosophique même, qui nous interroge sur les rapports de l’humanité et de l’animalité.
Francine Déroudille écrit dans son introduction au Photo Poche qui lui est consacré : « Le regard de Michel Vanden Eeckhoudt est aigu et pénétrant, grave, tendre, mystérieux, drôle parfois, c’est le regard d’un homme qui regarde le monde en y trouvant plus de questionnements que de réponses. Entre sourire et inquiétude, c’est un regard unique.»
Né à Bruxelles en 1947. Dès 1971, ses photos sont publiées dans la prestigieuse revue suisse Camera et exposées à Cologne.
En 1979, il rencontre Robert Delpire qui publiera Zoologies (1982, texte de Claude Roy), Duo (2000, texte de Danièle Sallenave) et Photo Poche (2006, texte de Francine Deroudille).
En 1986, il participe à la fondation de l’agence VU’ dont il est toujours membre.
Ses photographies ont fait l’objet de nombreuses expositions personnelles, notamment à l’International Center of Photography de New York, au musée de l’Élysée à Lausanne, aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles, au musée de la Photographie de Charleroi, etc.
Il est représenté en France par la galerie Camera Obscura (Paris) et diffusé par l’agence VU’.