imagerie

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04.12 - 30.12.2004

Lumières du Nord

Jean Hervoche

Carton de l’exposition de Jean Hervoche , Lumières du Nord, 2004

La photo de Jean Hervoche est indissociable du voyage. Son parcours photographique suit un itinéraire précis : commencé sur les rivages de Bretagne, il s’est poursuivi jusqu’aux frontières du monde habité, au Groenland, en passant par l’Irlande, l’Ecosse, les îles Féroé, et l’Islande, après un long détour par l’Ouest américain. S’agit-il d’une simple curiosité touristique ? Certainement pas. Les longues marches et les attentes interminables à la recherche de l’image espérée ne seraient pas compatibles avec une programmation de quelque nature que ce soit. Plus encore, Jean Hervoche fuit les lieux dûment répertoriés pour partir à la recherche de l’insolite, à moins que des circonstances ou des lumières exceptionnelles ne retiennent son attention dans des lieux plus connus.

La lumière, son obsession, le dénominateur commun à toutes ses images. Philippe Le Guillou dit de lui :
« Jean Hervoche avait attendu, avait guetté le moment où le soleil embraserait les gouttelettes en suspension, l’instant magique où une épée de lumière viendrait fendre le royaume des tourbes et des reliquaires noirs ». L’unité de son travail n’est pas à rechercher dans le choix des lieux photographiés, mais dans la manière qu’il a de nous les montrer, ce qui fit dire à Bernard Louédin : « Être au monde ne lui suffit pas, il veut le sentir et l’imposer à sa manière, se l’approprier et nous le restituer après l’avoir apprivoisé. »
Ses recherches passent par une immersion prolongée dans les grands espaces préservés, nimbés de lumières fugitives d’une infinie beauté où la nature semble se souvenir des origines du monde.

Ce parcours photographique s’inscrit probablement dans une réflexion personnelle beaucoup plus globale. La puissance des éléments, leur violence parfois, l’immensité des déserts ou des océans, ramènent à notre dimension humaine. Cette impression se renforce à la lecture de certaines photos récentes où l’image, à la limite de l’abstraction, se fait minimaliste pour des compositions fugitives et des équilibres précaires.
Aucune présence humaine dans ce travail, tout au plus quelques traces du passage de l’homme, inscrites dans le paysage, mais déjà menacées par une marée montante ou la fuite du temps. Elles sont là, choisies pour leur signifiance et leur insignifiance, comme pour donner la mesure de notre petitesse et de notre précarité.

Jean Hervoche réalise sa première exposition personnelle en 1979 et publie un premier album Bretagne, Espaces et Solitude en 1983.
Il a depuis orienté son travail vers la Bretagne, les pays celtes et les Mondes Nordiques, travail qu’il a fait connaître par la publication de plusieurs albums. Parmi les plus récents aux éditons Artus :  Un Donjon et l’Océan  -1995. Aux éditions Apogée :  Bretagne, entre vents et amers – 1996. Aux éditions Terre de brume :  Îles  – 1999,    Ecosse, le pays derrière les noms  – 2000,  Islande, entre feu et glace  – 2002, et  Irlande, voyage intimiste  – 2003. Aux éditions Christian Pirot :  Le légendaire breton  -2002.