Loin du « copier-coller » et de Photoshop, loin de la perfection du monde numérique, Gilbert Garcin pratique en virtuose l’art du collage et du bricolage.
Ce Marseillais de 80 ans, venu sur le tard à la photographie, crée autour de sa « petite personne de papier » des mises en scène surréalistes et pleines d’humour. Tour à tour archer à la face du monde ou misérable galérien perdu dans un univers implacable, il pratique à merveille l’art de l’autodérision.
« Gilbert Garcin multiplie les clins d’œil, détourne les références, on pourrait dire qu’il s’amuse. C’est tout le contraire : il joue. Car Gilbert Garcin est le sujet et l’objet de ses propres images. Ce détour par soi serait-il un continuel retour sur soi ?
A se travestir ainsi dans un personnage omniprésent, à s’inventer d’invraisemblables aventures dans des décors surréalistes, l’incorrigible bonhomme continue de rire de lui-même. La photographie devient « l’image dont je suis le héros », multipliant les épisodes d’une illusion comique sans cesse renouvelée. Dans cet autoportrait en forme de simulacres, le photographe regarde le photographe qui, peut-être, fait semblant d’être photographe…
Dans le Barbier de Séville, Figaro justifie ainsi sa bonne humeur : « je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé de pleurer ». On peut être grave. Mais sans se prendre au sérieux. En humour, il ne faut pas plaisanter. Gilbert Garcin fait de la photo comme Figaro. »
Yves Gerbal