« Que je ferme les yeux ou que je les ouvre en grand, que j’en cligne un pendant que l’autre reste fixe, que je mette mon corps par-dessus ou par-dessous la couette, je gagne toujours en épaisseur. Quoi qu’il arrive je me stratifie, je me superpose, je me couche après couche l’une sur l’autre: quoi qu’il arrive je m’ajoute. » (Clémence Estève)
Dans la société du 7j/7 où tout est disponible immédiatement, la transparence est de mise : architectures de verre, open spaces, objets en veille qui ne s’éteignent jamais… L’opacité devient suspecte. Clémence Estève choisit pour sa part de se tourner vers les espaces de l’intime, vers les lieux de repos où l’on ne soucie pas d’être vu ; les zones de lâcher prise, de contemplation et d’oisiveté. Et si s’abandonner à la lassitude pouvait ouvrir d’autres voies de résistance et faire naître de nouvelles formes de résilience ?
La vitrine réalisée à L’Imagerie s’inscrit dans la continuité de l’exposition Je gagne en épaisseur, actuellement visible à la Galerie Raymond-Hains à Saint-Brieuc. Pensée comme un second volet de sa réflexion sur les lieux de retrait et de repos, l’artiste occulte la vitre et invite à prendre position pour appréhender les éléments qui s’y cachent, qui se donnent à voir, ou qui nous tournent le dos.
Cette installation a été présentée en parallèle de l’exposition Empreinte du reste, volume du manque de Paul Pouvreau, visible du 15 janvier au 26 mars 2022.
Clémence Estève est née en 1989 à Marseille. Diplômée de l’EESAB-site de Rennes en 2015, elle vit et travaille à Quimper. Elle a exposé à la Villa Vassilieff (Paris, 2019), au 63e Salon de Montrouge (2018), à la Zoo Galerie (Nantes, 2017), à Passerelle centre d’art contemporain dans le cadre du dispositif « Les Chantiers » (Brest, 2017), ou encore au Frac Bretagne (2015). Elle a réalisé plusieurs résidences, notamment au Musée de Bretagne à Rennes (programme De la fouille au Musée, 2017-2018) et à La Criée centre d’art contemporain (INRAP, école du Blosne, Rennes, 2016- 2017).
Vues de l’exposition