imagerie

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13.11 - 19.12.1992

Jeunes ateliers

Pierre-Yves Jamaux
Stéphane Le Mercier
Guy Prévost

Carton de l’exposition Jeunes ateliers, 1992

L’exposition présentée aujourd’hui à L’Imagerie propose un regard sur la jeune création en Bretagne, à travers les oeuvres de trois jeunes artistes. Chacun, par une démarche personnelle bien particulière, explore un champ de la création plastique spécifique, et est en cela représentatif d’une des nombreuses tendances de l’art d’aujourd’hui.

L’un est sculpteur, l’autre est peintre, le troisième utilise volume, couleur, objet et texte au service d’un propos plus narratif et philosophique ; tous trois démontrent avec brio que l’art est toujours bien vivant, n’en déplaise à ceux qui veulent l’enterrer depuis maintenant presque un siècle. L’art bouge et évolue constamment dans le secret des ateliers, et la Mission Arts Plastiques, par ce cycle d’expositions « Jeunes ateliers », souhaite rendre compte de cette richesse.

Pierre-Yves Jamaux développe depuis quelques années un travail rigoureux autour de la forme et de son rapport à l’espace. Ses premières sculptures dessinaient, par un réseau linéaire de métal soudé, des formes simples aux volumes imposants, perturbant ainsi l’échelle et la perception spatiale du spectateur. Le métal soudé a peu à peu fait place à la tôle ondulée simplement rivetée ; une sculpture « prête à monter » qui évacue le « savoir-faire » et laisse parler le matériau et le volume.

Aujourd’hui, Pierre-Yves Jamaux radicalise encore son propos : Le volume très simple (un cercle) se développe sur 9 mètres de diamètre et est constitué par l’emboîtement d’une série de caddies de supermarché. Deux espaces sont ainsi investis : l’espace premier du parking où l’oeuvre a été réalisée, et l’espace plan de la bâche sur laquelle est reproduite en scanachrome la photographie de l’oeuvre.

Dans ses grandes toiles, Guy Prévost se confronte à l’essence même de la peinture, en évacuant toute anecdote au profit d’un travail construit autour de la surface, la couleur, l’espace et la matière, quatre composants qui sont à la base de tout travail pictural. La superposition des couches de couleurs, entre ocre, rouge et brun, les formes virtuelles qui, simplement dessinées d’un large trait au goudron, suggèrent une troisième dimension, le travail de composition et d’équilibre rigoureux, laissent transparaître un réel plaisir de peindre, une vrai sensualité qui se communiquent aisément au spectateur. Ces peintures ont une odeur, une « peau », une force visuelle qui s’imposent au regardeur dans un rapport direct et immédiat.

Stéphane Le Mercier utilise dessins, objets, textes, images articulés pour construire son propos qui peut être simplement narratif, parfois autobiographique.Chaque oeuvre est un tentative d’appréhension du monde dans sa globalité, et une interrogation sur la place de l’homme dans ce monde. Les pièces présentées ici se réfèrent à la pratique et aux réseaux utilisés en acupuncture, qui est en soi un mode de compréhension de l’homme et de son corps, et renvoient à d’autres signes ou symboles, d’autres systèmes, sans véritablement dévoiler leurs secrets. Stéphane Le Mercier se crée ainsi son propre vocabulaire, une véritable « familles d’outils » qui lui permettent de développer un discours complexe, à la fois plastique, littéraire et philosophique, dont l’homme est le principal sujet.