Eugène Atget est l’un des plus grands photographes que le monde ait connu. Il est né à Libourne le 12 février 1857. À la fin du siècle dernier, acteur sans contrat, il entreprend sa reconversion : il choisit de réaliser des documents pour artistes. Il prend alors des vues photographiques originales et susceptibles d’être utilisées par les peintres, les sculpteurs… Bientôt, il décide de photographier la mutation de Paris et de l’Île-de-France afin d’en garder une trace pour les générations futures. Il s’intéresse aux rues, aux cours, aux immeubles, aux magasins et à tout le mobilier urbain. Il photographie divers aspects de l’architecture extérieure et intérieure. Les détails des décorations, les objets courants retiennent son attention. Les personnages, peu fréquents dans son travail, se retrouvent dans certaines séries : les prostituées, les petits métiers et surtout les commerçants derrière leur vitrine ou sur le pas de leur échoppe.
Une partie de son travail a été acquise par quelques administrations françaises, principalement la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites. À sa mort, survenue le 4 août 1927, ses archives (négatifs et positifs) ont été achetées par la jeune photographe américaine Berenice Abbott, alors élève de Man Ray. Ce fonds a été cédé il y a quelques années au MoMA (Musée d’Art Moderne de New York). Tombée dans l’oubli durant quelques années, l’œuvre d’Eugène Atget est diffusée actuellement au travers d’une dizaine de livres et de quelques rares expositions.
L’exposition de L’Imagerie a été réalisée avec l’aide de la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites, à partir de son fonds. Nous remercions très chaleureusement cette administration pour son concours. Outre une partie très connue de l’œuvre d’Atget (les vitrines, les enseignes, les rues…), nous nous sommes efforcés de choisir des photographies plus originales tels que les bords de Seine, certaines images de campagne ou de jardins, des vues d’architecture intérieure comme les escaliers et des détails d’ornements. Notre choix a été limité par la qualité des négatifs qui, dans tous les fonds Atget (MoMA, CNMHS…), se conservent mal en raison des techniques de traitement utilisées par l’auteur.