imagerie

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02.02 - 17.03.2001

Être peintre… :
Œuvres de la collection
du Frac Bretagne

Art Keller
Yves Bélorgey
David Dialo
Imi Knoebel
Gilles Mahé
Didier Mencoboni
Franz Erhard Walther

Carton de l’exposition Etre peintre... : Oeuvres de la collection du Frac Bretagne, 2001

« Être peintre… », cette amorce d’une phrase présente dans l’oeuvre de l’un des artistes et ses points de suspension deviennent le titre de l’exposition présentée à L’Imagerie à partir des collections du FRAC Bretagne. Ponctuation et titre sont attribués à des artistes ayant fait de leurs questionnements la matière même de leur oeuvre.

Être peintre… Suspension de la phrase, interruption du sens, question à laquelle Art Keller répond ironiquement : être peintre semblait parfaitement ridicule. En s’appropriant des images issues de la bande dessinée (mais privée de personnages) il conserve une représentation abstraite sur laquelle il greffe des citations extraites de revues afin d’alimenter sa réflexion sur l’art.

Absence de personnages également dans les peintures d’Yves Bélorgey qui représente avec une précision extrême les immeubles des années 60, réussissant malgré l’accumulation des détails, à nous interdire l’effraction des espaces privés, nous laissant au seuil des grands ensembles comme au seuil de la peinture : ce qui est à voir ne serait pas sur la toile.

En revanche, c’est dans un souci de démystification des pratiques picturales du 20e siècle que David Diao compose ses toiles. Signes et emblèmes des maîtres de l’abstraction sont détournés en éléments formels illustrant son propos : la peinture n’est que le support de ses propres signes.

Si Imi Knoebel est aussi marqué par l’influence du suprématisme explorant toutes les possibilités de l’abstraction, faisant de chacun des champs colorés un élément en soi, il choisit la dichotomie entre le titre et la représentation comme avec Zoé, oeuvre appartenant à la série des portraits. Inutile d’attendre d’un intitulé qu’il définisse la représentation : Zoé ne peut que piéger le spectateur face à un portrait, certes, mais celui de la peinture.

L’oeuvre de Gilles Mahé est une oeuvre collective : quelques centaines de dessins marouflés sur toile, réalisés à l’école de dessin intercommunale du bocage vitréen. Les dessins d’élèves assemblés par l’artiste sont élevés au rang d’oeuvres d’art. Mais chaque participant voit disparaître son identité. Il s’agit là d’une remise en cause directe du statut de l’artiste et de la finalité de l’oeuvre d’art.

Où commence et où s’arrête une oeuvre est l’une des problématiques de Didier Mencoboni, qu’il résout en réalisant des toiles abstraites révélant la spontanéité et les hésitations. Doutes revendiqués et devenant l’enjeu de cet artiste qui choisit des titres en parfaite adéquation avec la peinture : Bibliothèque et Y sont des représentations à la fois abstraites et symboliques du titre.

Franz Erhard Walther a choisi, quant à lui, de guider le spectateur dans l’interprétation de ses oeuvres représentant des lettres ou des mots qui font naître à l’esprit de chacun une image variable.
Ces 7 artistes dont le projet s’inscrit dans un contexte critique, se posent et nous posent la question de la peinture aujourd’hui.