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15.01 - 26.02.1994

Du geste à la trace :
Œuvres de la collection
du Frac Bretagne

Christian Bonnefoi
Pascal Brunart
Camille Bryen
Jean Degottex
Nicolas Fédorenko
Simon Hantaï
Marcelle Loubchansky
Tahara Keiichi

Carton de l’exposition Du geste à la trace : Oeuvres de la collection du Frac Bretagne, 1994

‘Le métier de peintre est quelque chose qui s’est toujours passé entre la main et la tête, le poignet agissant comme interrupteur’. P. Schneider

Entre le geste et la trace, il y a le support. Des artistes comme : Degottex, Hantaï, Klein, Matisse, Pollock, Sam Francis, Soulages, Viallat, se sont interrogés sur les matériaux, les outils de la production artistique – Matisse en découpant des papiers colorés, conjugue en un geste unique le dessin et la peinture.
Pollock, à partir de 1948, étale sa toile par terre et utilise le dripping, dont le principe est de laisser couler la peinture directement sur la toile non traitée.
Dans les années 60, Klein se sert du corps des modèles enduits de peinture : les empreintes corporelles laissent leurs traces sur la toile. Il n’y a plus intervention de la main.
A son arrivée en France, Hantaï recherche des effets de matières obtenus par différents procédés techniques : empreintes, superposition et frottage de couches de couleurs, coulures pliures… A partir de 1954, il applique le procédé de l’écriture automatique. Sur la surface de la toile, il inscrit des signes curvilignes en se servant d’un objet aux bords acérés : inscription gravée dans la peinture et qui laisse apparaître la couleur même de la toile. Puis Hantaï abandonne les contraintes du châssis, plie et froisse la toile. La couleur est appliquée en aplat : des plis peints et non peints fragmentent la surface.

Cette exposition, la huitième collaboration entre le Frac Bretagne et l’Imagerie, propose à travers les oeuvres de Christian Bonnefoi, Pascal Brunart, Camille Bryen, Jean Degottex, Nicolas Fedorenko, Simon Hantaï, Marcelle Loubchansky, une réflexion sur les gestes des peintres.

Christian Bonnefoi

Salingres, 1948 – vit et travaille à Gy-les-Nonains
Christian Bonnefoi a une pratique affirmée de la peinture qu’il développe à travers un questionnement du support, du geste, de la matière, de la couleur. Ses oeuvres sont déclinées sur le mode de la série et utilisent un vocabulaire de signes, fragments de gestes découpés qui, juxtaposés, organisent la surface de la toile.

Pascal Brunart

Rennes, 1962 – vit et travaille à Tours
Dès sa sortie de l’Ecole des Beaux-Arts, Pascal Brunart peint de grandes toiles obscures d’où surgit la figure à la fois familière et indéfinissable. La palette est sombre et pauvres sont les moyens mis en oeuvre. Il fait sienne une pratique picturale traditionnelle et s’engage ‘dans un travail fait de mouvements amples, de lenteurs et d’arrêts’.
Ses peintures et ses dessins, souvent de grands formats, résultent d’étirements de surface d’un point à un autre du support, en même temps que de la compression de peinture en quelques points forts. Nature morte à l’origine, la figure s’avère en définitive un paysage lisible comme Le Très-haut-paysage ou SOLana.

Camille Bryen

Nantes, 1917 – Paris, 1977
Camille Bryen publie en 1927 son premier recueil de poèmes Opoponax et développe avant la guerre une période d’anti-peinture, où il exécute des oeuvres plastiques par des procédés non-conventionnels, et des dessins spontanés.
L’Aventure des objets est aussi le nom de la conférence qu’il donne à la Sorbonne en 1937 et qui est publiée par José Corti la même année. ‘Il s’agit de faire de sa vie même l’instrument de sa libération’. Les dessins et les aquarelles sont de véritables microcosmes régis par leurs propres lois et obéissant à une logique interne. En 1947, a lieu à la galerie du Luxembourg l’exposition L’Imaginaire qui marque la naissance de l’art informel et dans laquel Camille Bryen présente ses dessins.

Jean Degottex

Sathonay, 1918 – Paris, 1988
Jean Degottex brise les conventions picturales par une expression gestuelle libre, caractérisée par des gestes simples, des jeux d’écriture et de calligraphie qui traversent l’espace du tableau. Il oriente son travail vers l’étude du rôle du vide et l’exploration des matériaux. Il nourrit cette recherche de la philosophie extrême orientale zen. Ainsi André Breton déclare-t-il à son propos en 1955: « Ce que l’art de Degottex retrouve à la fois de ce que les chinois appelaient le chi jun (expression de l’âme intime du peintre que révèle son coup de pinceau) et le shêng-toung (mouvement de la vie, animation) vient à cet égard combler mes voeux ».

Nicolas Fedorenko

Guimiliau, 1949 – vit et travaille à Daoulas
Les toiles de Nicolas Fedorenko n’ont pas la vocation de séduire, c’est pourquoi il privilégie les couleurs mates à l’éclat du brillant, même si parfois il utilise l’or et l’argent. Selon lui chacune de ses peintures détient un principe qui n’est ni de l’ordre du sujet, ni de l’ordre du motif mais « quelque chose de plus étrange et d’insaisissable ». « Je regarde ce qui se passe ailleurs. Les influences sont très diverses. L’oeuvre que je peins est un peu une synthèse faite aussi avec ma propre personnalité. Les tableaux des autres sont mes instruments pas mes motifs. »

Simon Hantaï

Bia (Hongrie), 1922
Il fait ses études aux Beaux-Arts de Budapest puis vient s’installer à Paris. Ses premières peintures révèlent des formes organiques et des techniques (collages d’ossements, frottages, grattages) proches de l’écriture automatique et retiennent l’attention d’André Breton.
Cependant, dès le début des années 60, dépassant l’imagerie surréaliste, Hantaï radicalise sa pratique à travers des séries de peintures: pliée, froissée, la toile est ensuite couverte de pigments colorés, répartis de façon aléatoire sur l’espace pictural. Ces travaux qui mettent l’accent sur le mode de réalisation de la toile, témoignent d’une attitude comparable à celle du groupe Support-Surface.

Marcelle Loubchansky

Paris, 1917 – Paris, 1988
Marcelle Loubchansky fait partie de cette génération d’artistes qui se révèle peu après la dernière guerre dans une explosion de lyrisme et de liberté, inventant des manières de peindre telles que de diluer les couleurs à l’essence pour obtenir une matière légère et transparente.
Charles Estienne regroupa l’oeuvre de Loubchansky, comme celle de Degottex, Hantaï, ou Judit Reigl sous la bannière Tachiste, après qu’ils aient été, un cours moment, proches du surréalisme.
André Breton analyse en ces termes l’oeuvre de cette artiste: ‘Nul n’a su comme elle libérer et rendre tout essor à ces formes issues du sein de la terre et participant à la fois de l’humidité et de la flamme qui attestent une nouvelle génération’.