Brigitte Bauer
Paysages cultivés
« La photographie de paysage, dont l’origine se fond avec celle de cet art, rencontre aujourd’hui un regain d’intérêt. Loin de ces téméraires voyageurs qui sillonnaient alors fébrilement la planète, lourdement chargés et bravant les éléments pour rapporter, de lieux lointains, des images inconnues, Brigitte Bauer parcourt tranquillement les alentours d’Arles, où, venue d’Allemagne il y a dix ans, elle s’est installée.
Rien de spectaculaire, aucun souffle épique dans ses photographies couleur de format carré qui, sans véritable titre, s’organisent en séries selon des données géographiques: la montagne Sainte-Victoire, la plaine de la Crau, les bords du Rhône…. Une certaine distance s’impose dans ces vues toujours frontales, descriptives, laconiques et presque banales, dans cette lumière – aux antipodes de celle, chaude, du sud – presque froide ou plutôt claire et fraîche, comme après une averse. Presque : toute la subtilité du travail de Brigitte Bauer est là. L’objectivité et la neutralité ne cèdent qu’aux apparences. Ces paysages vides qui s’ouvrent à hauteur d’homme, simples, sans pittoresque, sans mystère, sans histoire autre que le tracé d’un sillon, la courbe d’un sentier, le volume d’un bosquet ou la ligne d’un talus, s’agencent selon une composition et un équilibre parfait. Nulle séduction facile ni tapageuse mais une plénitude, une pureté minérale, une sensibilité toute en réserve, frémissante, vibrante de tons délicats et qui, pour ne pas s’afficher au devant de la scène, l’habite, en émane et nous pénètre peu à peu. »
Véronique Bouruet-Aubertot (Beaux-Arts Magazine)
Née en 1959 en Allemagne, Brigitte Bauer a suivi les cours de l’Ecole Nationale de la Photographie d’Arles . Son travail a été exposé à Paris (FIAC, Galerie Polaris), à Munich (Institut Français), au Mai de la Photo de Reims… et figure dans les collections du Fonds National d’Art Contemporain, de la Bibliothèque Nationale et de diverses collections publiques.
Exposition présentée avec le concours de la galerie Polaris (Paris).
Michael Kenna
Photographies 1981-1997
« Kenna nous offre une large gamme d’images sensuelles, et du fait de cette volupté, d’une constante sincérité, à aucun moment le romantisme abstrait ne se trouve déshumanisé ni décalé par rapport à la situation plastique. Le travail de Kenna arrive à nous dire combien les photographies peuvent être belles quand elles sont bien faites. Il nous dit que la force de la poésie réside dans la nature, qu’à mesure que s’approfondit la perspicacité du photographe, elle acquiert de plus en plus d’expression, devient plus ardente, plus réceptive, plus belle. Il a transmis de son mieux de très larges idées grâce à un jeu de lumières et d’ombres, de tons et d’angles de vue… Kenna est fasciné par les heures où la lumière est la plus élastique, la plus souple, par l’aube et le crépuscule et par l’absolu mystère de la nuit. Il sait que le matériel photographique est sensible au point de révéler des choses que l’oeil ne peut voir, et que, grâce au temps de pose, il peut étirer le temps jusqu’à le faire atteindre un univers imaginaire. Dans certains tirages il est impossible de savoir s’il fait jour ou nuit… »
Peter C. Bunneil
Michael Kenna est né en 1953 en Angleterre et a fait des études artistiques au London College. Il vit à San Francisco depuis 1981.