Si les invités des Estivales 2011 regardaient notre Terre à travers le dépoli de leur chambre photographique et s’intéressaient à la magnificence de ses paysages, ceux qui sont accueillis sur nos cimaises à l’été 2012 l’ont sillonnée, au plus loin comme au plus près, avec le souci de témoigner des conditions de vie de ceux qui ont croisé leur chemin.
Joakim Eskildsen et sa compagne l’écrivain Cia Rinne ont parcouru le monde de la Hongrie à l’Inde, de la Grèce à la Finlande en passant par la France, la Russie et la Roumanie à la rencontre des Roms. Ils ont patiemment documenté ces vies hors du temps, ou du moins hors d’un temps, le nôtre, dans une création à l’esthétisme assumé, avec l’espoir que ses qualités artistiques et poétiques aident à combattre les préjugés.
Jean-Manuel Simoes s’est intéressé lui aussi aux exclus. Chez lui point de lointains voyages mais un périple quasi quotidien, une quête patiente à quelques encablures de son domicile parisien, au plus proche de ces oubliés de la vie que sont les « sans logis/papiers/travail » qui survivent à nos portes et qu’on s’efforce d’ignorer dans les vapeurs d’essence du périphérique.
Les modèles d’Avant-Après qui s’offrent à l’objectif de Dominique Delpoux dans la chaleur d’un chantier ou la noirceur d’une usine ont certes un travail mais une journée, traduite en diptyque par l’auteur, semble les vieillir de dix ans.
Dans Coastline, le photographe chinois Xiao Zhang pour sa part capte ses compatriotes vacanciers ou exilés des rives chinoises surchargées dans la multitude de leurs semblables et le rêve (inaccessible ?) d’un ailleurs qui chante.
La Chine encore pour Édith Roux dont Les dépossédés posent devant les décombres de ce qui fut leur foyer et que le miracle du développement à outrance décidé par-un pouvoir central, bien loin des idées de préservation d’un patrimoine minoritaire, celui des Ouïgours en l’occurrence, a mis à terre en quelques minutes.
Musicien et photographe, Emmanuel Smague joue du violon… et du Leica. Un sens du contact certain et un optimisme insouciant lui ont ouvert de nombreuses portes, de l’Irak à Tchernobyl, et nous valent aujourd’hui de partager, malgré les drames sous-jacents, ces sourires d’enfants.
Du reportage et du témoignage certes… mais toujours avec une écriture et une signature artistique très personnelles qui nous interrogent sur le monde dans lequel nous vivons.
Vues de l’exposition