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28.06 - 01.10.2016

C’est encore moi :
38e Estivales photographiques
du Trégor

Muriel Bordier
Olivier Culmann
Gillbert Garcin
Marc Lathuillière
Benoît Luisière
Kourtney Roy

Couverture de livret, C'est encore moi: 38e Estivales photographiques du Trégor, 2016

Il y a quelques mois, Cindy Sherman, Philippe Ramette et Urs Lüthi, adeptes de l’auto-mise en scène, ouvraient notre exposition ‘ Un voyage dans l’histoire de la photographie contemporaine ‘ consacrée aux collections du musée de La Roche-sur-Yon… Une préfiguration de la programmation de ces Estivales qui voient six auteurs s’adonner à cet art singulier de l’autoportrait fictionnel. Du Jeu au je… ? ou du Je au jeu… ? Peu importe après tout car si nos auteurs s’amusent, ils le font fort sérieusement.

 

Gilbert Garcin, le doyen de ce joyeux cénacle, avait déjà croisé notre route il y a plus de quinze ans à l’entame d’une carrière singulière commencée sur le tard mais, pour parodier Brassens, ‘ l’âge ne fait rien à l’affaire, quand on est bon, on est bon ‘ ! Et Mister G est doué assurément qui, sous le couvert de l’humour – noir parfois – et de l’absurde, met le doigt sur nos petits travers et sur la tragicomédie du quotidien. Point de Narcisse chez lui… ou alors un Narcisse adepte de l’autodérision !

Benoît Luisière, troquant son réflex contre la blouse du boucher ou le costume du professeur, devient Pierre, Paul ou Jacques, en un mot n’importe qui et tout un chacun. Y a-t-il, en effet, meilleure solution pour comprendre son voisin et l’accepter que de prendre sa place, ne serait-ce que quelques instants ?

Indien, plus vrai que nature, Olivier Culmann l’est devenu. De ce pays où il a passé de longs mois, il ne rapporte qu’un portrait, le sien ! Mais le sien mis à toutes les sauces d’une société cloisonnée à l’extrême et difficile à appréhender sans la patience et la retenue dont l’auteur fait preuve dans tous ses projets photographiques au long cours.

De son peu d’attrait pour la direction de modèles, Kourtney Roy va faire un atout, passant des deux côtés du miroir, elle réalise sous la double casquette de l’actrice et de la metteuse en scène, entre mode et art, des films à image unique, d’étranges untitled film stills.

Du conteur au maître papetier, de l’ébéniste au restaurateur, du styliste à l’homme de théâtre… ils sont plus de 500 à avoir répondu à l’appel de Marc Lathuillière et de son Musée national. Et curieusement, ils ont tous accepté de ne plus dire c’est encore moi, mais de jouer un rôle, le leur ou plutôt celui de la profession qu’ils représentent, partiellement cachés derrière le masque souple que leur impose l’auteur.

Son Histoire de France avait fait halte à l’Imagerie pour Humour et dérision lors des Estivales 2003, clins d’oeil de pâte à modeler qui traversaient les siècles, nous remettant en mémoire les temps forts de notre histoire. Cette fois-ci c’est le monde que nous fait visiter Muriel Bordier avec ses Bons baisers  où son petit personnage toujours identique à lui-même, chemisier blanc, pantalon noir – s’incruste, souriant, au milieu de touristes s’adonnant à la plus commune des occupations, la photo-souvenir.

J-F Rospape