La Galerie l’Imagerie-Lannion présente du 17 janvier au 18 mars 2017, l’exposition Being Beauteous, un dialogue photographique entre quatre artistes, Anne-Lise Broyer, Nicolas Comment, Amaury da Cunha et Marie Maurel de Maillé, qui signent ensemble une exposition réalisée de concert. Empreintes de poésie et se faisant l’écho de l’atmosphère d’Arthur Rimbaud (et son poème Being Beauteous issu de son oeuvre Illuminations), les images des quatre photographes se rencontrent et récréent un univers propice à développer notre acuité et notre regard sur la monde. Ce ‘ souffle collectif ‘, nourri des autres pratiques artistiques de chacun (le dessin pour Anne-Lise Broyer, la musique pour Nicolas Comment, l’écriture pour Amaury da Cunha, la vidéo pour Marie Maurel de Maillé), s’attache à faire la part belle au ‘ mystère ‘ et à poser l’énigme de la Présence.
Ce sont nos photographies qui nous ont réunis. Cette exposition a le désir de les faire dialoguer pour en faire rejouer la forme. Rassembler nos visions simultanées, faire éclater les séries, retrouver les images soeurs, créer des brèches, faire coïncider des hypothèses, tels sont les axes de notre proposition.
L’accrochage n’est pas conçu comme une exposition collective, où le plus souvent les oeuvres cohabitent sans se croiser, mais réfléchi – de concert – par les artistes eux-mêmes.
Puisque ce sont les images qui nous ont réunis, nous allons donc tenter de « ré-unir » ces images.
En tenant compte de l’architecture et des caractéristiques du lieu, cet accrochage est envisagé comme le lieu de d’une rencontre : entre les images, entre les auteurs, mais aussi comme un territoire ouvert, dans lequel différentes pratiques seront convoquées : la musique pour Nicolas Comment, l’écriture pour Amaury da Cunha, le dessin pour Anne-Lise Broyer, la vidéo pour Marie Maurel de Maillé : des disciplines qui croisent notre pratique photographique.
L’édition occupant une part privilégiée dans notre démarche, nous avons souhaité par ailleurs imaginer un espace, partie intégrante de l’exposition, qui sera dédié aux livres, recueils, disques publiés par chacun et ainsi offrir aux visiteurs le loisir d’être aussi lecteur, auditeur, spectateur…
Ce qui pourrait faire oeuvre ici, c’est le dispositif en lui-même, la rencontre de ces gestes photographiques dans un même espace-temps qui prend sens. Il s’agit d’instaurer un véritable dialogue entre les oeuvres, se répondant, se dédoublant, et ainsi créer la trame d’un corpus commun et d’une même ‘chair’.
Being Beauteous : À l’origine, ce titre énigmatique qui pourrait peut-être éclairer notre désir d’être ensemble et notre manière de faire.
Car c’est d’abord ‘le mystère’ qui nous attire — dans la singularité de nos parcours, selon des modalités différentes, liées à la spécificité de nos histoires et de nos rencontres.
Avec toute la prudence requise — dans un monde ironique et toujours contaminé par l’ère du soupçon — c’est la question du sensible qui nous rassemble. Et avec lui, un rapport particulier aux images.
Ainsi, il nous semble que cette énigme de la Présence soit peu représentée dans le champ des arts visuels. La photographie aujourd’hui est bien trop souvent occupée à vouloir transformer le monde en signaux de vérités et à réifier les apparences en figures de banalités.
Car l’image photographique, pour nous, n’est ni une boîte à messages, ni une machine à produire des preuves. Ce qui exclut de nos champs de représentations tout ce qui relève des classifications. Nous ne faisons pas de reportage, ni de portraits, encore moins d’images d’architectures. Nous faisons des images pour redonner à la question de l’errance toute sa richesse, et sa valeur.
Pour nous, la photographie est bien une discipline médiane : à la croisée des chemins.
Quelque part entre la littérature et les arts plastiques.
Mais au final c’est toujours la question du regard qui reste essentielle à nos yeux. Renouer avec l’attention, tenter d’acquérir une certaine acuité c’est rendre à nouveau possible un acte de liaison et de partage. Un art de l’adhésion au monde. Une aventure rétinienne qui cherche ses sources aux confins d’une expérience intérieure, mais aussi dans le foisonnement de la matière du monde. Un refus du feuilleton, du storytelling,
de la distraction ; en somme, il s’agit bien de (re)mettre le réel au premier plan, dans toute sa nudité, son mystère, sa beauté.
Vues de l’exposition