imagerie

Retour

11.07 - 01.10.1994

16e Estivales photographiques
du Trégor

Dieter Appelt
Arno Minkkinen
Jan Saudek
Joyce Tenneson
Yves Trémorin

Carton de l’exposition 16e Estivales photographiques du Trégor, 1994

Depuis l’origine de la création artistique, la représentation du corps a revêtu différentes formes d’expressions : le mystique à travers la déesse mère, le pouvoir à travers la figuration de ceux qui l’ont incarné. La photographie, miroir des temps modernes, trahit le regard que l’on porte sur soi-même, et pose la question de notre essence, de notre relation avec l’autre et bien sûr de la déchéance. Les 16 èmes Estivales Photographiques du Trégor présentent les oeuvres de cinq artistes qui, à titres divers, se sont interrogés sur eux-mêmes, au travers de leur incarnation.

 

Dieter Appelt : cet artiste berlinois est né en 1935. Après des études musicales à Leipzig, il étudie la photographie avec Heinz Hajek-Halke. Parti de ses actions In-Situ, Appelt s’est désintéressé de l’enregistrement de l’instant pour approcher une réalité magique. Engageant d’abord son corps dans des actions rituelles, retrouvant la boue de nos origines, il développe sa notion de l’espace et du temps et utilise pour cela les paraphrases ethnologiques (Carnac). Il élabore maintenant ses oeuvres comme des stratifications lumineuses à partir de la combinaison de négatifs.

Arno Minkkinen est né en 1945 à Helsinski. Tout en travaillant dans la publicité, il a commencé à faire des autoportraits. Dans ses photographies, Il use de son corps qu’il inscrit dans de vastes paysages, comme d’un signe, de hiéroglyphes et d’idéogrammes. Avec un humour constant, il devient tour à tour élément végétal ou minéral, voire animal. Sa présence se veut aussi spirituelle. En se photographiant à coté de femmes, il aborde la complexité de la relation amoureuse, et à côté de son fils la richesse de la paternité.

Saudek est né à Prague en 1935. Dès 1950 il travaille en usine comme apprenti photographe. Il découvre les grands photographes à travers Life et le livre de Steichen The family of Man. Un mur décrépi, un sol vide, une fenêtre s’ouvrant sur un monde irréel, c’est l’environnement dans lequel Saudek théâtralise ses fantasmes, avec ses modèles, parfois lui-même, comme acteurs. Les accessoires sont devenus symboliques de son univers. Son impudeur artistique, dans une atmosphère kitsch, s’efforce à créer la tension émotionnelle la plus forte.

Joyce Tennesson, née en 1945 à Weston dans le Massachusetts, a étudié les beaux-arts à Boston et Washington. Son oeuvre est toute entière marquée par le sceau de l’éternel conflit entre le profane et le sacré. Il y est question de l’âme, mais aussi du corps, des plaisirs de la chair autant que d’élévation spirituelle. Les poses, le choix des modèles, le rendu de la chair, les rares éléments du décor évoquent bien sûr la peinture renaissance et plus encore l’école de Fontainebleau.

Yves Trémorin est né à Rennes en 1959. C’est avec sa grand mère qu’il apprend à explorer la photographie. A travers sa famille et ses proches, les photographies de Trémorin sont des mises au point du temps sur une exploration affective qu’il n’ a jamais cessé de poursuivre. Son discours sur la mort, mêlée à la vie par la force des symboles, se traduit par l’approche de détails anatomiques, du viellissement de la chair, du déclin de la lumière.