Au fil du temps, le concept artistique ‘prendre’ des photos a laissé place à celui de ‘créer’. Représentations fidèles de ce que l’Homme entrevoit dans un espace et dans un temps figés, la photographie s’enrichit de la subtilité et de la subjectivité de son auteur. L’artiste, en osmose avec la Nature dans son plus simple apparat, la pénètre de son ego. L’appareil photographique devient alors le simple médiateur entre le photographe et le monde.
Akira Komoto, Hisashi Ogasahara et Tadashi Ono se révèlent dans ce rapport avec le monde au travers de leur fertile imagination. Mais si ces deux derniers ont transfiguré leur passion dans le ‘Black and White’, Komoto a préféré se jouer des couleurs. Trois artistes japonais qui marquent l’art contemporain d’une pointe de surréalisme tout à la fois révolté et silencieux.
Tadashi Ono : né en 1960 à Tokyo, il vit et travaille à Paris. Après des études de sylviculture et d’écologie, il s’oriente vers la photographie. De 1988 à 1991 il étudie à l’Ecole Nationale de la Photographie d’Arles.
Tadashi Ono nous présente aujourd’hui des images de sites égyptiens et des villes du Caire et d’Alexandrie. D’abord des monuments, fragments fragilisés de l’histoire, se dessinent sur une ligne d’horizon lointaine, inaccessible et vide; puis des images qui s’écartèlent dans leur cassure toujours horizontale créant ainsi une frontière agile entre les toits des villes et leur propre tempo qui s’y agite.
Hisashi Ogasahara : né en 1961 à Takasaki, il vit à Paris depuis 1991.
Ogasahara nous présente des nus sans visage lacérés dans leur intimité. Ces corps pétrifiés se mouvent dans un envol figé de l’espace, pareils à des statues, et crient à l’épanouissement pour aboutir au désir seul.
Ivresse de l’impuissance du plaisir; corps grimés, griffés, blessés qui s’épanchent pourtant à s’exprimer… et qui se font violence.
Akira Komoto : né en 1935 à Tokyo. S’il commence à travailler en 1970, c’est en 1974 que sa carrière prendra un tournant définitif. En effet, en cette année 1974, Komoto fut subjugué par la différence de couleur entre une tomate rouge et une tomate verte. Il va alors disposer une toile et esquisser un dégradé formant un pont entre ces deux teintes. Il consacrera ensuite la majorité de son oeuvre à cette double dimension : alliance de subjectivité (peinture) et d’objectivité (photographie).
Les couleurs vives de ses peintures tranchent avec la paix des élément extérieurs : terre, air, mer. Un contraste fracassant mais tout aussi fascinant des codes, des couleurs et des formes. Une entente sournoise mais nette, cassante entre les deux arts exprimés.
Ce qui engendre une illusion authentique de l’imaginaire au-delà du réel.