En photographie, l’étrange emmêlement de la reproduction et de la transmutation du modèle ouvre un territoire intermédiaire, l’Autre y prend image, origine, matrice.
Ce qui même et ce qui l’autre, telle pourrait se définir la photographie. Du côté du même, le reportage, les pratiques documentaires, du côté de l’autre, les fictions, les détournements des différents réels, distinction qui ne s’applique pas aux sujets, mais au point de vue, au projet du créateur.
La photographie n’offre-t-elle pas elle-même cette alternative à l’art contemporain, ce lieu de passage obligé pour de nombreux créateurs comme pour divers théoriciens qui cherchent à éviter ainsi les néfastes effets de la crise de l’art ?
Les artistes réunis en Bretagne viennent de France, d’Italie, d’Israël, de Turquie, des Pays-Bas et des USA, pour prouver cette diversité des pratiques.
Cette manifestation développe l’expérimentation menée en octobre 94 autour de « Photographie, corps et danse » avec l’université d’automne et l’exposition « Quelles hystéries ? » à l’École des Beaux-Arts de Rennes et son pendant chorégraphique « La déférence » au Triangle où la question des langages du corps en mouvement était posée à travers art et psychanalyse.
L’image de l’Autre traverse aussi bien de telles perspectives, que d’autres ouvertes en histoire ou en histoire de l’art, en ethnologie, en sociologie et autres sciences humaines. Là se recoupent aussi les fictions et créations pluri-artistiques où se raconte l’enrichissement mutuel grâce aux rencontres avec l’Autre, ses désirs, son histoire, sa culture, leçons essentielles en nos périodes d’intolérance et d’exclusion.
Christian Gattinoni,
Conseiller artistique de « Photographie Contemporaine en Bretagne ».