Afin de laisser leur trace, les Armoricains du Néolithique ont gravé dans la pierre des signes auxquels il est coutumier d’attribuer une signification mystique. Les techniques ont évolué et, au cours des siècles de nombreux sculpteurs ont oeuvré dans ce matériau. Si les dieux ont changé, la mort est demeurée la principale interrogation des artistes.
C’est munie d’une boîte noire que Muriel Bordier s’est juchée sur le char de l’Ankou. Ce ne sont pas les âmes des trépassés que moissonnent cette jeune photographe, mais les spectres de personnages de légende et de religion. Ce n’est pas directement sur la pellicule qu’elle imprime les sculptures qui ont jaillies dans chaque parcelle de la Bretagne, cette technique tient à distance le modèle et le symbole. En y apposant la main, l’artiste s’approprie la représentation : par le relevé d’empreinte, technique archéologique, elle pénètre au plus près du mythe, elle s’imprègne de la réalité.
Le résultat de ses investigations, au coeur de son pays d’origine, est de renouveler, en cette fin de XXème siècle, la danse macabre. Elle prolonge les fresques de Kermaria-en-Isquit et de Kernascléden, le cortège des saints prend aujourd’hui l’allure d’une procession fantasmagorique.
La présentation de ces photographies à l’Imagerie constitue la première exposition de Muriel BORDIER. Cette artiste, née à Rennes, a étudié à l’école des beaux-arts de Reims.